cercles

Les œuvres récentes de Paul Kuseni relèvent d’un protocole qu’il décline et module selon les états de tensions et d’intentions dans lesquels il décide et aborde la mise en forme d’un dessin. Il s’agit bien de dessin, cet état primaire et fondateur du passage de la pensée invisible à sa représentation perceptible. Ce protocole est composé d’un support papier 300 grammes blanc au format carré de 141 cm de côté. Après avoir situé son centre il trace au compas deux cercles concentriques qui délimitent, selon un choix arbitraire, une couronne. Celle-ci sera progressivement encharbonnée dans une quête de noir absolu. Les cercles sont progressivement comblés par une chorégraphie gestuelle du bras et de la main afin d’en saturer la totalité de la surface. Chorégraphie laborieuse de l’incarnation physique de l’acte du tracé qu’il quitte lorsque le contrat qu’il s’est imposé est accompli. Cette procédure de tracé réalisée à la pierre noire est dense car elle oppose le gestuel et les écarts de maîtrise de la main laborieuse à celle de la rigueur parfaite de la géométrie. Cette géométrie accomplie hypertechnologique que Paul Kuseni connaît face à son ordinateur et à l’élaboration sophistiquée de ses conceptions architecturales. Cependant tel Sisyphe il pousse et repousse les rotations de ses cercles vers un sommet de la perfection dont il connaît le scénario inévitable d’un recommencement. Mais c’est ce qui motive, initie, justifie, le sens même de son projet.